Vous venez de remettre à l’eau après deux mois intenses de chantier sur l’Ocean Fifty Leyton, mais avant de revenir sur ce retour sur l’eau, peut-on revenir sur la fin de la transat Jacques Vabre à la 3ème place et sur un retour express, en convoyage, vers Lorient. Vous n’êtes pas restés longtemps sur place et vous avez été un des premiers, voir le premier, à retrouver Lorient et à sortir votre 50 pieds Leyton de l’eau pour le mettre en chantier. Peux-tu revenir sur ce choix de rentrer rapidement en chantier ?
Sam Goodchild : "L'objectif était dès le départ de rentrer le plus rapidement possible, pour mettre notre trimaran Leyton en chantier le plus vite possible et le remettre à l'eau, après ce chantier important, très tôt, pour aller naviguer et s'entraîner en solitaire avant le début du Pro Sailing Tour qui va être très dense. Je ne me voyais pas découvrir et tester toutes les modifications entre les épreuves du Pro Sailing Tour.
Comment se sont passés ces deux mois de chantier à Lorient La Base ?
Vous partagiez le hall avec deux autres teams (Fabrice Amadéo et Roamin Antanasio), comment se passe la cohabitation entre team ? Il y a des échanges ?
Nous avions loué l'emplacement de Boris Hermann (l'IMOCA Malizia III est en construction chez Multiplast). Tout se passe très bien entre les équipes. Maintenant chaque team a son programme, des programmes chargés ; Alors même si nous pouvions échanger des outils spécifiques, il n'y avait pas non plus de longues discussions, pendant les deux mois de chantier. L'équipe Leyton est composée de quatre personnes. Des prestataires extérieurs sont venus renforcer l'équipe en fonction des dossiers et notamment pour le chantier d'installation du safran et pour la stratification pendant un mois.
Pendant ces deux mois de chantier, l’équipe qui t’entoure n’a pas chômé ! Peux-tu revenir sur tout ce qui a été fait à bord, entretien courant, optimisations ?
Les deux plus gros dossiers du chantier de cet hiver, sont la construction du nouveau mât et l'implantation d'un troisième safran sous la coque centrale. A côté de ça tout a été démonté, nettoyé et vérifié, avant de reprendre sa place à bord. Nous allons aussi avoir un nouveau jeu de voiles quasi complet pour la saison 2022. L'an dernier North avait fait un super travail en retaillant le jeu de voiles du Leyton 1 (ex Noir Désir), pour l'adapter au Leyton 2 (ex Ciella Village). La Classe Ocean Fifty n'autorise qu'un seul jeu de voiles tous les deux ans. Il était important de pouvoir bénéficier d'un nouveau jeu de voiles pour cette saison. Autre dossier, celui de l'énergie à bord ; Nous allons continuer de travailler sur les panneaux solaires souples que nous avions installé l'an passé avec Héole. Nous avons aussi l'éolienne qui fonctionne très bien au près, mais qui est moins efficace au portant et qui a certaines contraintes en navigation, avec cette hélice qui tourne en permanence. Nous allons aussi tester la pile à combustible. Nous essayons de trouver le meilleur compromis pour toujours être autonome à bord avec des énergies les plus propres possibles.
Vous avez donc décidé d’installer un troisième safran sous la coque centrale, ce 50 pieds signé VPLP n’en n’avait pas depuis sa mise à l’eau. Ce qui ne vous a pas empêché la saison dernière de faire carton plein aussi bien sur le Pro Sailing Tour, qu’avec la très belle 3ème place sur la Transat Jacques Vabre. Qu’en attends-tu ?
Oui tout fonctionne déjà très bien, mais avec la Route du Rhum à la fin de l'année, qui se court en solitaire, il faut que j’aie plus de contrôle sur le bateau aussi bien quand je suis à la barre, que sous pilote. C'est ce que doit nous apporter, tout du moins sur le papier pour le moment, ce troisième safran sous la coque centrale. Il faut maintenant vérifier tout ça sur l'eau. Voir aussi ce que donne la traînée de ce troisième safran.
Vous avez aussi mis en chantier un nouveau mât. Peux-tu nous dire quand vous prenez la décision, vu la tension pour la fabrication des mâts en ce moment ? Pourquoi cette décision ? Les mâts en Ocean Fifty sont-ils monotypes ?
Non, les mâts dans la classe ne sont pas monotypes. Il y a un tirant d'air maximum à respecter par contre. Il est très semblable à celui que nous avons déjà, très proche du mât construit l'an passé par Thibaut Vauchel-Camus. Un peu plus léger, un peu différent structurellement. Il sort du même moule que les trois ou quatre derniers mâts construits ces dernières années pour les Océan Fifty et il a été construit chez Lorima. C'est effectivement une grande anticipation pour ce type de dossier. Nous avons passé commande l'été dernier pour une livraison en janvier 2022. L'objectif premier était de s'auto assurer en cas de démâtage ou de chavirage. Que la saison ne soit pas compromise pour autant. Tout est interchangeable quasiment, ancien mât, voiles, bouts, etc. Entre l'ajout du safran et le nouveau mât, nous sommes restés sur le même poids.
La saison va être partagée en deux temps complètement différents avec le Pro Sailing Tour en équipage ou équipage réduit et la mythique Route du Rhum, en Novembre au départ de St Malo, en solitaire. Comment vont se dérouler les prochaines semaines pour préparer ses deux exercices bien différents ?
Nous devons effectuer 2 ou 3 sorties à Lorient pour voir si tout va bien (la première vient d'avoir lieu ce mardi) d'un peu plus d'une heure, avec très peu de vent). Mais pour ça il faut avoir les bonnes conditions de vent. Pas 2 nœuds ou pas 30 nœuds... Ensuite l'objectif est de partir naviguer dans le Sud du Portugal avec l'équipe et sans doute des intervenants extérieurs avec leurs expériences comme l'an passé. Il faut que je navigue en solitaire ou en faux solitaire pour me familiariser avec le bateau, vivre en solitaire à bord, le faire avancer vite au large. L'objectif est d'arriver fin près au départ de la Route du Rhum en novembre prochain.
Le Majanta project se poursuit en 2022 ?
Oui, nous allons continuer à travailler avec le Majanta project en 2022, pour donner concrètement des opportunités aux femmes de découvrir la navigation sur un multicoque. Ça a vraiment bien fonctionné l'an passé, avec des filles que l'on a vu arriver sur certains projets étrangers. On se dit que nous avons apporté une pierre à l'édifice. Je trouve que cela serait formidable, si des femmes venues sur le trimaran Leyton arrivaient à entrer dans le projet d'Alexia pour une tentative sur le Trophée Jules Verne.
Le programme pour la saison 2022 ?
Les entraînements à Lorient puis au Portugal. Sans doute des entraînements Bretagne en solitaire pour se mettre dans les conditions d'un départ de la Route du Rhum car c'est bien beau d'aller naviguer au Portugal sous le soleil, mais la Route du Rhum c'est en novembre et à St Malo... Il doit y avoir les 1000 milles des Sables ; L'organisateur nous a indiqué qu'on était les bienvenus si nous étions au moins trois Ocean Fifty. Le Pro Sailing Tour et enfin le 6 novembre à St Malo La Route du Rhum.
Il y a 4 ans, à la même époque tu recherchais des partenaires pour monter un projet en Class40 pour être au départ de la Route du Rhum. Tu avais fait une très belle préparation, avec peu de moyens, et tu avais finalement trouvé quelques semaines avant le départ un partenaire (Netflix à travers la série Narcos), mais malheureusement la course s’était terminée rapidement suite à un démâtage. Qu’attends-tu de cette Route du Rhum avec ton trimaran Leyton ?
Je pars sur une année avec une grande inconnue : le solitaire en multicoque ! Je n'ai jamais navigué en solitaire sur un multicoque. Alors bien entendu je m’y suis préparé avec les différentes expériences en MOD70 (Phaedo 3), en Ultime (Spindrift 2), ou encore en Ultim' 32X23 (Sodebo Ultim' 3). J'ai aussi la chance d'avoir de super conditions de préparation pour y arriver avec le Leyton Sailing Team. J'ai très envie, je ne pars pas de zéro mais il y aura de gros clients sur la ligne de départ. Tout est réuni pour faire un très bon résultat.
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