

Ultim Boat
8 juil. 2025
Photo : Team Geronimo / ALEA
L’un des piliers de l’épopée des grands trimarans français, Yves Pouillaude, est décédé à l’âge de 74 ans. Compagnon de route d’Olivier de Kersauson pendant plus de deux décennies, il était l’un de ces marins discrets, essentiels, sur qui repose la réussite des grandes aventures au large. C’était un homme de l’ombre… mais toujours sur le pont.
Grand échalas, solide, au sourire franc et aux épaules larges, Yves Pouillaude a longtemps été le roc sur lequel s’appuyait Kersauson, littéralement et moralement. Avec Didier Ragot, autre fidèle lieutenant, ils formaient un trio indissociable, un équipage lié par la mer, la loyauté, et une certaine idée de la navigation hauturière.
Du trait de crayon à la mécanique de précision
Formé aux Beaux-Arts de Nantes, Yves Pouillaude avait d’abord manié le pinceau avant de choisir la mer comme ligne d’horizon. Officier de la Marine marchande, il rejoindra l’équipe d'Olivier de Kersauson à la fin des années 1980, pour ne plus jamais vraiment la quitter. Il préparera Poulain, le fameux trimaran rose nacré dessiné par VPLP, sur lequel l’Amiral s’entraîne en 1988 avant un tour du monde par les trois caps. Déjà, Yves est celui qui veille à la technique, rassure l’équipage et tempère les colères du patron.
Deux Jules Verne au compteur
Si Olivier de Kersauson est devenu le premier Français à remporter le Trophée Jules Verne, en 1997 sur Sport Elec, puis en 2004 sur Géronimo, c’est aussi grâce à des hommes comme Yves Pouillaude, co-responsable de la construction du grand trimaran. Chef de quart, responsable de la navigation, de l’électronique, de la mécanique, il était ce marin complet qui savait tout faire et ne lâchait rien. Le genre d’homme qu’on rêve d’avoir à bord quand la mer se lève et que les heures s’allongent.
Élégant, affable, précis, toujours disponible, il avait cette classe tranquille des gens sûrs.
Un marin fidèle, et libre
De Poulain à Charal, puis Geronimo, Yves Pouillaude aura traversé les plus belles pages de la course au large française, sans jamais chercher la lumière. Olivier de Kersauson disait de lui qu’il était son « second fils spirituel ». Un marin à part, un vrai, qui ne supportait pas l’inaction : Il était né pour le large, pour les quarts de nuit et les embruns.
Le modèle Kersauson, fait de loyauté, d’endurance et de fraternité, ne se serait jamais construit sans des marins comme lui.
La cérémonie aura lieu ce vendredi 11 juillet, à 14h15, en la salle du Vern à Brest.
