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Argo et Zoulou sur la RORC Transatlantic Race

UltimBoat - Source RORC / Photo de tête : RORC

9 nov. 2025

Retour des MOD70 en compétition

Argo et Zoulou, duel transatlantique annoncé sur la RORC Transatlantic Race 2026

Six mois, c'est le temps qu'il a fallu attendre pour revoir les MOD70 revenir à la compétition, car depuis la Fastnet Race plus aucun d'entre eux n'a participé à la moindre compétition. La plupart sont en vente ou inutilisés. Mais le 11 janvier 2026 prochain, dans deux mois, deux d'entre eux seront de retour sur une ligne de départ : au large de Lanzarote. Les canons de départ de la 12e édition de la RORC Transatlantic Race résonneront à travers la marina des Canaries. Dans la flotte, deux géants de carbone se préparent à en découdre à nouveau : les trimarans MOD70 Argo de l’Américain Jason Carroll et Zoulou du Français Erik Maris. Deux machines identiques sur le papier, capables de filer à plus de 35 nœuds.

Ce duel, désormais classique sur les grandes traversées, promet d’être l’un des temps forts de la saison 2026. Car derrière les sourires et les poignées de main au ponton, la rivalité entre ces deux équipages s’est forgée depuis près de dix ans de régates océaniques intenses. " Dès 2015, c’était une lutte acharnée", confie Ned Collier Wakefield, team manager de Zoulou. "Et depuis, chaque transat ou course est un nouveau round".


Antigua, nouvelle arrivée, nouveaux enjeux

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Pour la première fois, la RORC Transatlantic Race reliera Lanzarote à Antigua et nous plus la Grenade, soit environ 3 000 milles. Un changement qui n’est pas anodin. "Le parcours est plus court d’une centaine de milles, mais il se termine plus au nord", explique Brian Thompson, navigateur d’Argo. "Cela nous rapproche des systèmes dépressionnaires venant du continent américain. Antigua peut être plus capricieuse que Grenade : les alizés peuvent s’y essouffler en fin de course". Une donnée météorologique qui pourrait rebattre les cartes, surtout pour ces bolides volants sensibles à la moindre variation de pression. Les premières 36 heures après le départ seront déterminantes : c’est là que se joue le choix de la route, nord ou sud, et donc le ton de la course. Une erreur de lecture et c’est la victoire qui s’éloigne.


Deux machines, une vitesse

Photo : Tim Wright - RORC
Photo : Tim Wright - RORC

Argo et Zoulou sont issus du même moule, celui des mythiques MOD70 conçus par VPLP. Ces trimarans de 22 mètres ont été pensés pour allier vitesse et fiabilité, et les deux unités ont évolué au fil des années avec des foils et safrans de dernière génération, à plans porteurs. Les gains sont nets : plus de stabilité, plus de portance, et surtout un contrôle accru à très haute vitesse. "Les différences se jouent sur des détails", reconnaît Brian Thompson. "L’angle du foil, le réglage des voiles, la dérive… mais à ce niveau, chaque demi-nœud compte". De son côté, Nick Collier Wakefield souligne l’importance de la préparation : "Nous avons passé deux ans à affiner nos réglages. Le bateau est plus équilibré, plus fluide. C’est devenu une machine redoutable".


La vie à bord : cinq jours à 30 nœuds
Photo : RORC
Photo : RORC

Si les images font rêver, la réalité du bord est tout autre. Naviguer sur un MOD70, c’est endurer une violence constante : bruit, chaleur, humidité, secousses. "Quand on dépasse les vagues à 30 nœuds, c’est comme être dans un train lancé à pleine vitesse", raconte Brian Thompson. "Le grondement de l’eau, le sifflement des foils… Certains équipiers dorment avec des casques antibruit". À bord, six marins se relaient sans répit selon un système de quarts serré. "On dort à peine une heure et demie toutes les six heures", explique Nick Collier Wakefield. "Et même hors quart, on reste à l’affût. La concentration doit être totale, car sur ces bateaux, une erreur ne pardonne pas".


Une bataille aussi tactique que physique

La vitesse pure ne suffit pas. Les grains, les bascules de vent et les fronts froids dictent la hiérarchie. "Ces averses soudaines peuvent tout changer", souligne Nick Collier Wakefield. "Si vous restez juste devant le grain, vous gagnez des milles ; si vous tombez dans le trou, vous perdez tout". Brian Thompson complète : "Ces systèmes se déplacent à la même vitesse que nous. Il faut lire le ciel en permanence, anticiper. La frontière entre le coup de génie et la malchance est très fine". Cette année, Zoulou bénéficiera d’un atout supplémentaire avec la présence à bord du navigateur britannique Miles Seddon, réputé pour son sens aigu de la météo et des statistiques. "Miles apporte une dimension analytique essentielle, notamment sur les premières 48 heures", précise Nick Collier Wakefield. "Cela peut faire la différence".


Rivalité, respect et passion
Photo : James Tomlinson - RORC
Photo : James Tomlinson - RORC

Malgré la tension de la compétition, un profond respect unit les deux équipages. "On se connaît tous", raconte Brian Thompson. "Loïck Peyron, présent sur Zoulou, a été mon skipper sur Banque Populaire V (maintenant Sails of Change). On s’est souvent retrouvés à se pousser les uns les autres, mais toujours dans le respect". Même son de cloche chez Zoulou : "À la fin, on partage la même mer, les mêmes galères, et la même bière à l’arrivée. Cette fraternité, c’est l’essence de la course au large", sourit Nick Collier Wakefield.


En route vers la RORC Transatlantic 2026

Pour cette 12e édition, treize bateaux sont actuellement inscrits, toutes catégories confondues. Argo, vainqueur en 2024 après une troisième place en 2022, fera face à un Zoulou en pleine confiance après sa deuxième place l’an passé. La course comptera également d’autres multicoques sous la jauge MOCRA, comme le catamaran MG5 WellnessTraining de Marc Guillemot ou le trimaran Sterec Ultime de Christophe Bogrand. Ce plan Newick des année 1980, vient d'être remis à l'eau après un chantier titanesque de remise en état, avec pour objectif la prochaine Route du Rhum 2026.

Cette traversée comptera pour le Championnat du Monde de Course au Large du RORC, aux côtés de la Rolex Middle Sea Race, de la RORC Caribbean 600, de la Round Britain & Ireland Race et de la Baltic Sea Race. Autant dire que les enjeux dépassent largement le simple Atlantique.


L’esprit de la mer

Au-delà de la technologie et des records, ce duel incarne l’essence même de la course au large : la préparation, la précision, l’humilité. "Que vous naviguiez sur un 10 mètres ou un MOD70, c’est la même philosophie", rappelle Brian Thompson. Les deux MOD70 sont déjà à Lanzarote depuis plusieurs semaine et les équipes techniques sont aux petits soins. "Anticiper, écouter la mer, et ne jamais cesser d’apprendre". Un Brian Thompson qui est actuellement à Brest pour encadrer The Famouth Projet avant sa tentative sur le Trophée Jules Verne.

Nick Collier Wakefield, qui a participé aux deux convoyages des MOD70 entre Cowes et Lanzarote, conclut avec simplicité : "On fait ça pour le plaisir, pour l’intensité du combat, pour ces arrivées serrées où tout se joue sur quelques minutes. À la fin, quand on pose le pied à terre, on se souvient pourquoi on aime tant ça".



Photo : Tim Wright - RORC
Photo : Tim Wright - RORC
Photo : Christophe Bogrand
Photo : Christophe Bogrand













Pratique

RORC Transatlantic Race 2026 :


Départ : dimanche 11 janvier 2026, Lanzarote (Canaries)

Arrivée : Antigua – 3 000 milles

MOD70 engagés : Argo (Jason Carroll, USA) – Zoulou (Erik Maris, FRA)

Site internet ICI






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