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La Rolex Fastnet 2025 pour SVR Lazartigue comme en 2023

Ultim Boat

29 juil. 2025

Une édition tactiques, dans des vents irréguliers

La 51e édition de la Rolex Fastnet Race s’est élancée le samedi 26 juillet à 12 h 20, heure française pour les multicoques, depuis Cowes (île de Wight), avec une flotte impressionnante de 444 bateaux engagés. Parmi eux, 33 multicoques, dont 4 Ultim’ 32/23, ont pris le départ pour un parcours de 695 milles nautiques jusqu’à Cherbourg, via le rocher du Fastnet, au sud-ouest de l’Irlande. Dans des conditions de vent modérées, très éloignées des départs musclés des éditions précédentes, les grands trimarans à foils ont offert une course marquée par des choix stratégiques tranchés, des phases de transition délicates et un final très rapide.


Des conditions météo propices aux options tactiques

Un flux de nord-ouest de 12 à 15 nœuds accompagnait les premières heures de course, avec l’obligation pour les équipages de tirer des bords serrés pour s’extraire du Solent. Ce régime est resté modéré pendant toute la montée vers l’Irlande, avec même des zones de calme. Ces conditions ont donné lieu à des écarts notables entre les différentes options, notamment dans la Manche, au large de la côte anglaise, puis en mer Celtique.

Dès le départ, les MOD70 Argo et Zoulou, plus à l’aise dans ces vents médiums, prennent les devants avec SVR Lazartigue. Les Ultim’ mettent un peu plus de temps à se mettre en route. Banque Populaire XI s’élance en retrait mais refait rapidement une partie de son retard. Au passage de Plymouth après 8 heures de course, SVR Lazartigue prend la tête, suivi d’Actual Ultim’ 4 et de Zoulou. Argo reste proche des leaders, tandis que Sodebo Ultim’ 3 et Banque Populaire XI, qui avaient opté pour une trajectoire plus proche de la côte, concèdent du terrain.


Au passage du Cap Lizard, Tom Laperche depuis SVR Lazartigue : "Tout se passe bien, content d'être devant. On a fait un beau début de course. Le vent est plus faible. Il va y avoir beaucoup de manœuvres pour monter au Fastnet qu'on devrait passer demain midi. Amélie, Peter et Franck profitent de ce long bord pour se reposer  avant les manœuvres de la nuit"

James Tomlinson / RORC
James Tomlinson / RORC
Le passage au Fastnet, moment clé de la course

Dans la nuit de samedi à dimanche, la flotte affronte des zones de vent très instables. Les écarts se creusent alors que certains trimarans touchent du vent quand d’autres restent totalement arrêtés. À 6 h 45 dimanche matin, après 18 h 20 de course, SVR Lazartigue possède une avance de 18 milles sur Actual Ultim’ 4, avec Banque Populaire XI à quelques encablures. Zoulou, premier MOD70, fait jeu égal avec les Ocean Fifty en embuscade, emmenés par Koesio.


Pierre Emmanuel Hérissé, équipier de Banque Populaire XI : “Il faut se battre pour progresser vers le Fastnet, le vent est très léger et instable. Mais tout va bien à bord, on est concentrés pour progresser au mieux. On passera le Fastnet dans la journée, avec ensuite un retour au portant, avec normalement un peu plus de vent".


En début d’après-midi dimanche, SVR Lazartigue est à 12 milles du Fastnet. Le vent revient progressivement, permettant à l’équipage de Tom Laperche de retrouver des vitesses supérieures à 20 nœuds. Le trimaran enroule le rocher emblématique à près de 40 nœuds, après 28 heures de course. Il compte alors 30 milles d’avance sur Banque Populaire XI, 1 h 10 de retard pour ce dernier, 1 h 50 pour Actual Ultim’ 4. Sodebo Ultim’ 3, plus en retrait, passe le Fastnet avec trois heures de retard.


Retour express vers Cherbourg

Une fois le Fastnet passé, les conditions s’améliorent sensiblement. Le retour se fait essentiellement au portant, avec des vitesses élevées, souvent au-delà de 30 nœuds. Les positions en tête ne changent plus. SVR Lazartigue tient bon, creuse légèrement l’écart, et franchit la ligne d’arrivée à Cherbourg à 4 h 38 le lundi 28 juillet, après 1 jour, 17 heures, 18 minutes et 4 secondes de course. C’est la première victoire de Tom Laperche en tant que skipper d’un Ultim’ sur la Fastnet. Banque Populaire XI termine à 5 h 23 à la deuxième place , Actual Ultim’ 4 monte sur le podium à 8 h 06 dimanche matin, et Sodebo Ultim’ 3 clôt le classement des Ultim’ à 9 h 09 en quatrième position.



Duel à distance entre MOD70

James Tomlinson / RORC
James Tomlinson / RORC


Derrière les Ultim’, la lutte entre les deux MOD70 a été plus indécise. Zoulou, mené par Erik Maris, réalise un excellent début de course et creuse l’écart sur Argo. Mais dans le dernier tiers, Argo revient dans le match grâce à une trajectoire plus efficace dans les vents faibles. À 85 milles de l’arrivée, l’écart est réduit à 10 milles. Trois heures plus tard, Argo prend l’avantage et garde une courte avance jusqu’à l’arrivée. A ce moment de la course Chad Corning depuis Argo : "C'est quasiment un miracle le fait de dépasser Zoulou il y a quelques heures au large de la côte anglaise. Ils avaient une très belle avance et ont fait une superbe course. Le vent était très léger jusqu'au Fastnet, sans aucun vent fort. Un retour assez rapide jusqu'au DSS des Scillies, puis encore du vent léger sur la côte anglaise. J'espère que nous allons pouvoir les contenir jusqu'à l'arrivée !" . Argo termine à 17 h 29, 20 minutes devant Zoulou. Les deux trimarans se classent respectivement 5e et 6e en temps réel au général, et 1er et 2e de la classe MOCRA en temps réel. Ce que l'on apprend à l'arrivée, c'est que Zoulou, n'a plus de safran sur le flotteur bâbord depuis le milieu de nuit, après avoir heurté un OFNI.


Paul Wyeth / pictures.com / RORC
Paul Wyeth / pictures.com / RORC

Classe Ocean Fifty : InterInvest l’emporte

Dans la classe Ocean Fifty, la hiérarchie reste longtemps incertaine. C’est finalement InterInvest qui tire son épingle du jeu. Il franchit la ligne d’arrivée 20 heures après les premiers Ultim’, avec environ 4 h 40 de retard sur SVR Lazartigue au passage du Fastnet. Koesio et Viabilis Oceans complètent le podium, respectivement à 30 et 50 minutes. Lazare, longtemps bien positionné, termine 6e. À l’arrivée, Tanguy Le Turquais salue le travail de son équipe tout en soulignant avec humour leur marge de progression au portant.


Une édition sans record, mais riche en enseignements


L’édition 2025 de la Rolex Fastnet Race n’a pas permis de battre le record établi par François Gabart sur SVR Lazartigue en 2023 (1 j 8 h 38 min 27 sec). Les vents irréguliers et les nombreux temps faibles ont rendu cette performance inaccessible cette année. Pour autant, la course a été marquée par une forte intensité stratégique. Les conditions relativement légères ont redistribué les cartes et mis en valeur la capacité d’adaptation des équipages.

Pour les Ultim’, ce rendez-vous a permis de tester les évolutions des chantier s d'hiver. De pointer les lacunes. SVR Lazartigue reste quasi intouchable dans ce type de conditions de vent. D'autant qu'à bord, il n'y a pas eu d'erreur de trajectoire. La performance de SVR Lazartigue confirme sa capacité à tirer parti des transitions, tandis que Banque Populaire XI et Actual Ultim’ 4 montrent une belle régularité, alors que l'équipage découvrait le bateau. Les nouveaux foils de Banque Populaire XI n'ont pas encore permis d'être à la hauteur du vainqueur. Sodebo Ultim’ 3, souvent en retrait dans le petit temps, devra probablement miser sur des conditions plus musclées pour jouer aux avant-postes, lors des prochaines échéances.


La prochaine échéance pour les Ultim’ sera les 24 Heures Ultim' à Lorient fin septembre. D'ici là les équipages vont continuer de s'entraîner, mais aussi de valider leur qualification pour la Transat Café l'OR.


Tom Laperche skipper SVR Lazartigue : "Un peu fatigué, mais super content de gagner. On avait envie de faire aussi bien qu'en 2023. Il y avait là les quatre plus beaux Ultim' du moment. C'est génial de remporter cette course avec quelques milles d'avance. Le passage du Fastnet à quasiment 40 noeuds à l'enrouler etait incroyable ! Procaine échéance la qualification pour la Café l'OR avec Franck, puis les 24H Ultim' et la Transat".


Armel le Cléac'h skipper Banque Populaire XI : " Bien arrivés à Cherbourg avec l'équipage du Maxi Banque Populaire XI sur cette Rolex Fastnet Race Cherbourg qui a été bien intense du début à la fin. Malheureusement nous n'avons pas gagné. Ca été une lutte acharnée avec SVR. On a essayé de revenir jusqu'au bout, mais malheureusement cela n'a pas suffit. Bravo à eux, ils ont fait une très belle course. Pour nous c'est une deuxième place comme il y a deux ans. C'est la loi du sport, on s'est bien battus, on a passé un très bon moment. On était heureux d'être là pour le centenaire de la course fabuleuse".


Anthony Marchand, skipper d'Actual Ultim' 4 : "C’est génial ! Ce bateau est totalement différent du précédent, ce n’est pas comparable. Tout a très bien fonctionné, nous n’avons rien cassé et Julien Villion nous a été d’une aide très précieuse".


Thomas Coville, skipper de Sodebo Ultim' 3 : "Ce n'est pas du tout ce résultat qu'on est venu chercher. Pourtant cela reste une compétition extraordinaire cette Fastnet. On a eu deux transitions que nous n'avons pas bien gérées, en gérant le vent du moment et pas le vent du futur. Après les choses s'enchainent, c'est très difficile d'inverser les choses. Car à partir du Fastnet c'est du tout droit jusqu'ici, il n'y a pas de retournement possible. D'ailleurs le classement est celui de la mi course quasiment".


Benjamin Schwartz, routeur de Sodebo Ultim' 3 : "Ce n'est pas ce que l'on voulait, ce que l'on avait envisagés pour cette première course de la saison. C'était une course difficile tactiquement, dure pour les nerfs, il y avait deux erreurs à ne pas faire et j'ai fait les deux ! Une belle course quand même, en terme de manœuvres, de vitesse du bateau, même s'il y a des situations ou nous sommes pénalisées en vitesse. Il y a quand même plein de bonnes choses à retenir".


Chad Corning, équipier d'Argo : "Il a fallu empanner pas mal pour conserver la pression optimale, mais la pression était vraiment bonne. Le bateau naviguait donc entre 20 et 30 degrés, la plupart du temps dans un plan d'eau plutôt calme. C'était donc une navigation très agréable. On a vu qu'il y avait du vent à l'ouest, alors on est restés dans notre bande de vent. On était tous assez déprimés, et tout semblait désespéré à 70 ou 100 milles de l'arrivée, mais on avait quelques atouts dans notre manche et la connaissance du terrain était là. C'était vraiment un miracle. Il faut tirer notre chapeau à Zoulou. Ils ont été vraiment impeccables et super malchanceux. Une partie de la course consiste à en tirer profit. Ils ont fait une superbe course. C'est agréable pour nous, mais évidemment, on est très déçus pour eux. C'était leur course, donc c'est dommage, mais c'est le sport, je suppose".


Loïck Peyron, équipier de Zoulou : "Argo était assez loin derrière et on a eu un petit souci – on a heurté quelque chose pendant la nuit et on n'avait plus de safran bâbord ; il partait en tête-à-queue quand il était au vent et touchait l'eau. On a donc perdu un peu de vitesse à ce moment-là, et au large du sud de l'Angleterre, il y a eu une partie qu'on aurait peut-être dû mieux gérer, mais on ne l'a pas fait. Je ne peux pas dire que ce soit plus facile quand on est en retard, mais parfois on se rend compte que le leader ne sera plus leader, parce qu'il est lent et qu'on ne veut pas le suivre, alors il faut penser différemment, faire les choses différemment… et c'est ce qu'ils ont fait. C'était une très belle course avec un équipage sympa, le propriétaire parfait d'un beau bateau, je dirais, le Zoulou. Et une course assez intéressante, avec de l'eau plate principalement, ne nécessitant pas de bottes, pas d'embruns sur le pont, rien... pas assez de vent pour finir, mais une fois de plus intéressante. C'était très impressionnant de revenir aux îles Scilly et de croiser 90 % de la flotte [qui allait dans le sens inverse]. Le Fastnet est le Fastnet, comme La Mecque est la Mecque, comme le Vatican est le Vatican, pour des raisons évidentes. Quand on double ce rocher, quand on a la chance de le contourner, c'est un privilège. Ce rocher est particulièrement symbolique".



Classement :

1 SVR Lazartigue Tom Laperche 1 j 17 h 18 min 04 sec

2 Banque Populaire XI Armel Le Cléac'h 1 j 18 h 3 min 52 sec

3 Actual Ultim' 4 Anthony Marchand 1 j 20 h 46 min 39 sec

4 Sodebo Ultim' 3 Thomas Coville 1 j 21 h 49 min 43 sec

5 Argo Chad Corning 2 j 5 h 9 min 36 sec

6 Zoulou Erik Maris 2 j 5 h 29 min 36 sec

7 InterInvest Matthieu Perraut 2 j 8 h 38 min 13 sec

8 Koesio Erwan Le Roux 2 j 9 h 9 min 29 sec



Le équipages :

Equipage de Banque Populaire XI : Armel Le Cléac'h, Sébastien Josse, Thierry Chabagny, Nicolas Lunven, Pierre Emmanuel Hérissé, Clément Durafour et Sam Goodchild.


Equipage SVR Lazartigue : Tom Laperche, Franck Cammas, Pete Burling, Antoine Gautier, Amélie Grassi, Emilien Lavigne.


Equipage Sodebo Ultim' 3 : Thomas Coville, Benjamin Schwartz, Nicolas Troussel, Léonard Legrand, Frédérique Denis, Guillaume Pirouelle. Ronan Gladu médiaman.


Equipage Actual Ultim' 4 : Anthony Marchand, Julien Villion, Alan Roberts, Ronan Gladu, Laurane Mettraux, Ronan Treussart et Alan Pennaneac'h


Equipage Argo : Jason Carroll, Chad Corning, Pete Cumming, Charlie Ogletree, Chis Maxted, Weston Barlow, James Dodd.

Photo : RORC
Photo : RORC

Equipage Zoulou : Erik Maris, Ned Collier Wakefield, Loïck Peyron, Thomas Le Breton, Bruno Jeanjean, Bruno Mourniac, Andrew Cape et Christophe André.


Photo : RORC
Photo : RORC

Le Tracker pour revoir la course : Tracker


Les classements complets




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