

Ultim Boat
25 nov. 2025
La préparation et le stand-by
Temps à battre : 40 jours 23 heures 30 min 30 sec
L'équipage d'IDEC Sport : Elles seront finalement huit. Huit navigatrices à prendre place sur les filets d’IDEC Sport, maxi-trimaran emblématique et détenteur du record du tour du monde depuis 2017. Avec ce même trimaran, elles s’attaquent à l’un des défis les plus exigeants de la course océanique moderne : battre le temps de référence de 40 jours, 23 heures et 30 minutes entre Ouessant et le retour en Bretagne.
À l’initiative du projet : Alexia Barrier, qui mène ce défi avec l’expérience d’une navigatrice passée par le circuit des maxi-monocoques il y a quelques années, une Transat AG2R avec Sam Davies terminée à la 12ᵉ place, une 15ᵉ place sur la Route du Rhum en IMOCA 60, une Transat Jacques Vabre conclue en 25ᵉ position en IMOCA 60, puis un Vendée Globe terminé à la 24ᵉ place. Plus récemment, elle a participé à plusieurs courses sur le MOD70 Limosa (1ʳᵉ de la Middle Sea Race 2023, 3ᵉ de la RORC Transatlantic Race et 3ᵉ de l’Antigua 360 en 2024). La Méditerranéenne a su fédérer autour d’elle un collectif international. À bord, elle assure la coordination générale et les décisions tactiques majeures avec Dee Caffari.
On ne présente plus Dee Caffari. Première femme à avoir bouclé un tour du monde en solitaire dans les deux sens, l’Anglaise apporte à l’équipage une connaissance incomparable des situations extrêmes et de la course au large. Son palmarès est impressionnant : 8ᵉ de la Transat Anglaise, 6ᵉ du Vendée Globe, victoire sur le Tour des îles Britanniques, 9ᵉ de la Rolex Fastnet Race, 8ᵉ de la Transat Jacques Vabre, 6ᵉ de la Barcelona World Race, 6ᵉ de la Volvo Ocean Race, ainsi que deux autres participations (SCA et Turn The Tide on Plastic), etc. Ses réflexes, sa gestion du stress et sa maîtrise des manœuvres lourdes en font une pièce maîtresse du bord.

Viennent ensuite la Néerlandaise Annemieke Bes, médaillée d’argent aux JO de Pékin en Yngling, qui a également couru plusieurs étapes de The Ocean Race en VOR65 et en IMOCA 60 sur Holcim-PRB. Elle excelle en réglages.Rebecca Gmuer, de double nationalité suisse et néo-zélandaise, équipière sur monocoques lors de la Sydney-Hobart et de la Rolex Fastnet Race, a récemment participé à The Ocean Race Europe à bord de Team Amaala. La Britannique Deborah Blair a fait partie de l'équipage du VOR65 Austrian Ocean Racing Team sur The Ocean Race 2022. La boat captain Molly Lapointe (Italo-Américaine) connaît désormais le trimaran IDEC Sport sur le bout des doigts. Elle aura la lourde responsabilité de maintenir en parfait état de fonctionnement le vénérable maxi-trimaran.L’Espagnole Tamara Echegoyen, quadruple participante aux JO, médaillée d’or, championne d’Europe et d’Espagne de match racing, a également disputé plusieurs étapes de la Volvo Ocean Race à bord de Mapfre en 2018, conclue par une deuxième place.
Enfin, la dernière recrue, Stacey Jackson, Australienne, a rejoint l’équipage en octobre 2025. Elle a longtemps évolué sur le circuit de match racing et compte à son actif 17 participations à la Sydney-Hobart, ainsi que deux Volvo Ocean Race : avec Sam Davies sur Team SCA en 2015, puis sur Vestas 11th Hour Racing en 2018.
Huit femmes. Huit parcours, huit cultures, mais une seule ambition : effectuer un tour du monde sans escale pour établir un premier temps féminin de référence sur le Trophée Jules-Verne.
Enfin une équipière de réserve, en la personne de Marie Tabarly, mais qui ne peut embarquer pour le tour du Monde pour des raisons familiales.
L'équipe à terre : Jonny Malbon (Fondateur et directeur de l'équipe), Clément Surtel (boat captain), Fons Dorrestijn, Maxim Grimard et Gilles Toussaint.
Intervenant extérieur : Brian Thompson.
La cellule routage à terre : Christian Dumard

Le bateau : Difficile de résumer en quelques phrases la carrière d’un trimaran mis à l’eau en 2006 et optimisé jusqu’en 2022. Un bateau né en tant que Groupama 3, dans les mains de Franck Cammas, détenteur d’une dizaine de records, vainqueur de la Route du Rhum et d’un Trophée Jules Verne, passé chez Banque Populaire, avec une nouvelle Route du Rhum à son actif aux mains de Loïck Peyron et un record de la traversée de la Méditerranée avec Armel Le Cléac’h aux commandes. Puis le départ aux États-Unis avec Ryan Breymaier, sous les couleurs de Lending Club 2, pour différents records sur l’Atlantique et le Pacifique. C’est enfin avec IDEC Sport et Francis Joyon qu’il remportera une troisième Route du Rhum et le Trophée Jules Verne 2017, qui tient toujours, en 40 jours 23 h 30 min 30 s, après un premier tour du monde en 47 jours, sans oublier une multitude de records en Asie.
Mis à l’eau pour être mené par 12 à 13 hommes d’équipage, il a été adapté à la navigation en solitaire par Franck Cammas, avec le fameux vélo sur la plage arrière pour démultiplier les forces du solitaire. Le mât a été raccourci par Francis Joyon, sans vraiment diminuer ses capacités, grâce à un allègement systématique à bord et à une simplification. Depuis la mise à disposition du trimaran par Patrice Lafargue au projet The Famous Project, le bateau n’a pas évolué. Une remise en état générale, sous l’œil avisé de Clément Surtel, a été effectuée. Les safrans à plans porteurs qui devaient être testés ne l’ont pas été ; la casquette pour protéger l’équipage n’a pas été construite. L’équipage de Francis Joyon pour le record de 2017 était composé du skipper et de ses cinq équipiers : Alex Pella, Bernard Stamm, Clément Surtel, Sébastien Audigane et Gwénolé Gahinet. Elles seront huit pour ce nouveau tour du monde.
La Préparation : Après 5 mois de chantier chez Multiplast, le trimaran est remis à l'eau à Vannes le 31 mai 2024. Il gagne son ponton de La Trinité sur Mer au moteur. Et il va y rester plus d'un an. Il faudra attendre le 12 juin 2025, pour une première sortie sous voile, faute de financement. Le lendemain matin il fait son entrée en rade de Brest, port qui va devenir son port d'attache pour le reste de la préparation. Mais là encore, les sorties seront limitées au stricte minimum. Car si l'on enlève la dizaine de sorties en rade de Brest ou devant le goulet, les entraînements au large vont jamais durée plus de 72 heures :
Le 10 juillet 2025 une sortie le long des côtes Bretonnes de moins de 24 h
Le 6 août une sortie d'un peu plus de 24 h aux environs du Fastnet
Le 12 août la navigation vers Madère, prévue pour 6 jours, se termine au bout de 72 h
Le 9 octobre quelques heures au Sud Ouest de Brest
Le 25 octobre 2025 un aller/retour au cap Lizard.
Bien loin du programme annoncé de traversés de l'Atlantique et de tentatives de records. Alors oui, une partie de l'équipage a navigué quelques courses en 2023 et 2024, sur le MOD70 Limosa. Trimaran qui à rejoint Brest début septembre, mais n'a effectué que deux sorties en rade de Brest depuis.

Le parcours : Tenter le Trophée Jules Verne, c’est s’engager dans l’un des défis les plus exigeants de la voile moderne : un tour du monde sans escale, en équipage, par les trois caps. Un périple d’environ 21 600 milles qui, au-delà de la performance sportive, impose une compréhension fine des océans, du climat et d’une route mythique jalonnée de zones stratégiques. Le chronomètre s’enclenche au niveau du phare du Créac’h, à Ouessant. Les maxi-trimarans, il n'y a plus eu de tentative sur un catamaran depuis Bruno Peyron et Orange II en 2005, s’élancent généralement dans des conditions optimales de vent d’ouest pour sortir rapidement du golfe de Gascogne et rejoindre les alizés. C’est un moment clé : un bon départ permet de rejoindre rapidement les vents porteurs de l’Atlantique Nord et de prendre de la vitesse dès les premières heures. Après avoir attrapé les alizés de nord-est, le bateau file vers une zone aussi célèbre que redoutée : le Pot au Noir, ou zone de convergence intertropicale. Situé autour du 5ᵉ parallèle nord, il se caractérise par :
des zones de calmes plats imprévisibles,
des grains violents,
une activité orageuse intense.
Les choix de trajectoire sont cruciaux pour minimiser la perte de temps. Une mauvaise entrée dans le Pot au Noir peut faire perdre plusieurs heures… voire plusieurs jours et mettre fin à la tentative. Une fois la zone franchie, l’équipe vise le meilleur point de passage possible pour traverser l’équateur. C’est souvent l’occasion de mesurer un premier écart avec le record. Passé l’équateur, le maxi-trimaran rejoint les alizés de sud-est puis contourne de loin l’anticyclone de Sainte-Hélène. Objectif : attraper le plus rapidement possible les vents d’ouest qui permettent de rejoindre l’Afrique du Sud à grande vitesse. Là encore, les décisions stratégiques sont déterminantes : passer trop à l’ouest coûte des milles, passer trop à l’est expose aux calmes. Au sud de l’Afrique, les marins croisent quasi simultanément :
le cap de Bonne Espérance, symbole du basculement dans les mers australes,
le cap des Aiguilles, qui marque officiellement l’entrée dans l’océan Indien.
Dès cet instant, le bateau s’engage dans la zone des quarantièmes rugissants, puis des cinquantièmes hurlants : des latitudes où les vents d’ouest déferlent librement autour du globe, sans obstacle continental. La route longe le sud de l’océan Indien en visant des vents forts mais maniables. Les objectifs sont :
éviter les zones de glaces dérivantes au sud,
se maintenir dans le train de dépressions qui propulsent vers l’Australie.
Après plusieurs jours de navigation intense et souvent brutale, le maxi-trimaran atteint le cap Leeuwin, au sud-ouest de l’Australie — deuxième grand cap du parcours.
La traversée du Pacifique Sud est souvent la plus rapide mais aussi la plus engagée. Les équipages évoluent dans des conditions extrêmes, en bordure des glaces antarctiques.
Les enjeux :
conserver un rythme élevé sans casser,
éviter les risques de rencontre avec des icebergs,
gérer les longues journées de survitesse dans une mer puissante.
La sortie du Pacifique est marquée par le passage mythique du cap Horn, dernière grande balise géographique du parcours. Et une sorte de libération pour les équipages. Ils reviennent dans le monde des terriens. Mais la route est encore longue et piégeuse, la matériel à déjà beaucoup souffert. Il faut désormais remonter vers le nord, avec :
l’anticyclone de Sainte-Hélène à contourner par l’ouest
des alizés irréguliers le long de l'Amérique du Sud.
des zones de transitions météorologiques délicates.
La moindre erreur peut coûter cher après tant d’efforts cumulés. Comme à l’aller, il faut franchir :
l’équateur,
puis de nouveau le Pot au Noir, dont l’intensité dépend de la saison.
Certains records ont été perdus ici, à seulement quelques jours de l’arrivée. Sortis du Pot au Noir, les équipages visent les dépressions de l'Atlantique Nord. Deux grandes options se présentent alors : Une route directe vers Ouessant, si une fenêtre de vents portants s'ouvre. Ou alors le grand détour par l'Ouest des Açores, pour aller chercher une dépression au large des US et rentrer tout droit vers Ouessant.
Les vidéos d'avant départ
Toutes les vidéos sont disponible ICI
Lundi 17 novembre 2025 : L'équipe annonce le début du stand-by. Pas de départ d'ici la fin de la semaine, une dernière sortie de vérifications doit être effectuée. L'équipage est prêt tout comme IDEC Sport.

Christian Dumard, cellule routage à terre : "Les planètes ne s’alignent jamais vraiment. Avec le perfectionnement des outils d’analyse météo, les navigateurs et navigatrices deviennent de plus en plus exigeants et recherchent des prévisions ainsi que des options de route à des échéances toujours plus lointaines. Nous entrons en réalité dans une phase de discussion entre la cellule de routage et l’équipage, afin de déterminer le meilleur compromis. Car la décision finale sera nécessairement un équilibre entre court, moyen et long terme : estimations de route rapides, état de la mer, évolution des systèmes proches ou éloignés… Un choix dicté par la quête de performance, bien sûr, mais aussi par les impératifs de sécurité pour les femmes et pour le bateau, ainsi que par la mise en jambes. Nous allons définir en amont ce qu’Alexia et ses filles considèrent comme leur fenêtre météo idéale, en tenant compte du nécessaire amarinage et de l’absolue nécessité de ne rien casser !"
Mardi 18 novembre 2025 : Les temps intermédiaires sur le parcours du Trophée Jules Verne et quelques chiffres
Ouessant - Equateur : 4 j 19 h 57 min Spindrift 2, en équipage depuis 2019
Equateur - Bonne Espérance : 5 j 17 h 21 min Maxi Edmond de Rothschild, en solitaire depuis 2024
Ouessant - Bonne Espérance : 11 j 9 h 53 min Maxi Edmond de Rothschild, en équipage depuis 2021
Traversée de l'océan Indien : 5 j 21 h 09 min IDEC Sport 2, en équipage depuis 2016
Traversée de l'océan Pacifique : 7 j 15 h 15 min MACIF, en solitaire depuis 2017
Cap Horn - Equateur : 6 j 22 h 15 min MACIF, en solitaire depuis 2017
Equateur - Equateur : 32 j 11 h 51 min Banque Populaire V, en équipage depuis 2011
Equateur - Ouessant : 5 j 19 h 21 min, IDEC Sport 2, en équipage depuis 2017
La plus grande distance parcourue en 24 h lors d'une tentative : 894 milles, soit 37.25 noeuds de moyenne : IDEC Sport 2 en équipage depuis 2016.
Temps du tour du Monde en solitaire en multicoque Trophée St Exupéry : MACIF en 42 j 16 h 40 min 35 sec depuis 2017.
Jeudi 20 novembre 2025 : Sortie de quelques heures devant le goulet de Brest. Sans doute la sorite de dernières vérifications prévue cette semaine.
Mardi 25 novembre 2025 : Alors que l'équipage poursuit sa préparation et la cellule routage, l'étude des fichiers météo, est mis en ligne ce jour, une vidéo sur le stage de survie à Newcastle effectué en début de mois.
