UltimBoat
3 déc. 2024
Fin de tentative, les appendices posent toujours problème
Top départ pour Sodebo Ultim' 3
Samedi 30 novembre 2024
8h 30
Le coup d’envoi a retenti hier soir pour Sodebo Ultim 3. À 21h03 et 46 secondes, sous un ciel noir percé par les faisceaux des phares d’Ouessant, Thomas Coville et ses six équipiers ont franchi la ligne de départ du Trophée Jules Verne. Lancés à près de 30 nœuds, ces marins aguerris s’attaquent à l’un des records les plus exigeants de la voile : un tour du monde sans escale, contre la montre. Leur objectif ? Boucler ce parcours en moins de 40 jours, 23 heures, 30 minutes et 30 secondes, le temps référence établi en 2017 par Francis Joyon et son équipage sur IDEC Sport.
À bord de Sodebo Ultim 3, tout est conçu pour la performance. Ce trimaran de 32 mètres, véritable laboratoire volant, est équipé de foils qui le soulèvent au-dessus des flots, réduisant la traînée et augmentant la vitesse. Ces prouesses technologiques, combinées à l’expérience et à la complémentarité d’un équipage de sept marins d’élite, promettent une aventure palpitante.
« Le passage de l’orange à vert est toujours un moment décisif », confiait Thomas Coville avant le départ. « Une fois que la décision est prise, nous entrons dans un autre monde, celui de la course. » Une préparation physique, mentale et logistique méticuleuse a soudé ce groupe, prêt à affronter les défis extrêmes que la mer et le vent ne manqueront pas de leur imposer.
Le choix du départ s’est joué sur une fenêtre météo étroite. Pour espérer devancer IDEC Sport à l’équateur (environ 5 jours) et au cap de Bonne-Espérance (environ 12 jours), l’équipage doit tirer parti d’une situation complexe : contourner l’anticyclone des Açores en se faufilant dans un corridor de vents instables.
Benjamin Schwartz, navigateur à bord de Sodebo Ultim' 3 : « Nous avons un premier front à chercher dans le sud d’une dépression, puis un virement de bord samedi après-midi. Ensuite, nous plongerons au sud, sous des vents portants, pour passer sous l’anticyclone lundi matin. Chaque millier de milles se jouera à quelques heures près. »
Après 11 heures de navigation, Sodebo Ultim 3 progresse plein ouest à plus de 29 nœuds. Avec 5 milles de retard sur le temps de IDEC Sport, le trimaran est déjà en pleine accélération. Le défi est lancé, et chaque détail compte : la précision des manœuvres, la cohésion de l’équipage, et surtout la météo, qui dictera le tempo, sans oublier une part de chance !
Pendant ce temps, SVR-Lazartigue, autre prétendant au trophée, reste en stand-by devant Ouessant. L’équipage de François Gabart a choisi d’attendre des conditions plus favorables. Cette attente, bien que stratégique, souligne l’incertitude constante des courses au large, où le vent peut être à la fois allié et ennemi.
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9h 30 :
Top départ pour SVR Lazartigue
Le trimaran SVR-Lazartigue, mené par François Gabart et son équipage, pour une tentative de record sur le mythique Trophée Jules Verne, s'est élancé ce samedi matin près de 11 heures après le Sodebo Ultim' 3, à 8 h 51 min et 38 sec (heure locale), devant Ouessant après une nuit passé à attendre le moment précis pour couper la ligne de départ.
Le Trophée Jules Verne est bien plus qu’un record : c’est une aventure. Depuis que Francis Joyon et l’équipage d’IDEC Sport ont établi un chrono de 40 jours, 19 heures, 30 minutes et 30 secondes en 2017, ce Graal des mers reste une référence absolue. Pour François Gabart, déjà détenteur du record du tour du monde en solitaire (42 jours), ce nouveau défi représente l’aboutissement de mois de préparation. « Nous avons un bateau extraordinaire, une équipe solide, et une fenêtre météo qui nous donne une chance. Nous allons tout donner pour faire voler le Trimaran SVR-Lazartigue sur tout le parcours, » confiait-il avant de franchir la ligne de départ.
Partis de Concarneau vendredi après-midi dans une ambiance chargée d’émotion, François Gabart et ses cinq coéquipiers ont entamé leur aventure après une nuit d’attente stratégique. À 7h51 UTC ce samedi matin, le chronomètre s’est enclenché. La fenêtre météo ? Un départ musclé dans des vents forts et une mer agitée, mais prometteur jusqu’à l’équateur et au-delà.
Les Ultim’ sont les Formule 1 des mers, capables de voler littéralement au-dessus de l’eau grâce à leurs foils. Ces appendices permettent aux bateaux de réduire leur traînée et d’atteindre des vitesses vertigineuses, flirtant parfois avec les 50 nœuds (près de 93 km/h). Mais cette technologie de pointe demande un équilibre délicat entre performance et fiabilité.
« Nous savons qu’il y aura des casses. Le défi, c’est de les minimiser et de maintenir la performance du bateau sur la durée, » souligne François Gabart. En effet, un tel parcours implique de naviguer à des vitesses extrêmes pendant 40 jours consécutifs, tout en affrontant les conditions les plus dures des océans, notamment dans les mers du Sud, réputées pour leurs vagues gigantesques et leur isolement total.
Au-delà de la vitesse et de la mécanique, le Trophée Jules Verne est avant tout une aventure humaine. À bord, chaque membre de l’équipage joue un rôle clé, de la navigation stratégique à la gestion technique du trimaran. Pour Tom Laperche, jeune talent de la course au large, cette tentative a une saveur particulière. Contraint d’abandonner son précédent tour du monde en solitaire à cause d’une avarie, il savoure l’opportunité de retenter l’aventure en équipage : « Nous sommes là pour aller le plus vite possible, mais il faut aussi respecter la nature et gérer la machine sur ces 40 jours. »
L’objectif ? Revenir avant le 10 janvier 2025, 7h51 UTC, et, qui sait, peut-être passer sous la barre symbolique des 40 jours.
Un début de tentative compliqué !
Dimanche 1er décembre 2024 :
18 h 15
Après 21 heures de tentative sur le record du Trophée Jules Verne Thomas Coville et ses hommes sur Sodebo Ultim' 3 se trouvent dans le Sud-Est des Açores, avec 235 milles de retard sur IDEC Sport au même moment. Il faut dire que le trimaran est allé chercher la bordure de la dépression très à l'Ouest, rallongeant ainsi sa route. Pour le moment, il faut considérer cela comme un "investissement", l'écart devrait diminuer progressivement dans les prochaines heures. Des prochaines heures, les manoeuvres devraient se succéder, avec des empannages, pour progresser dans le Sud et commencer à se positionner pour passer le Pot au Noir
Parti, 11 heures plus tard, l'équipage mixte du trimaran SVR Lazartigue de François Gabart, semble, pour le moment avoir pris la bonne décision sur le timing du départ, en concédant pour le moment "que" 121 milles de retard sur le tenant du titre et repris une trentaine de milles sur Sodebo Ultim' 3. SVR Lazartigue étant régulièrement plus rapide de quelques noeuds, lors des relevés communiqués, que Sodebo Ultim' 3.
Tout cela montre une nouvelle fois l'excellent début de tentative de l'équipage d'IDEC Sport en 20217.
François Gabart, skipper du SVR Lazartigue :"Le départ n'a été pas si mal que ça au près, ce qui n'est pas la configuration optimale pour une telle tentative, mais nos bateaux vont vite, même dans ces configurations. A terre l'équipe et plus particulièrement Jean-Yves Bernot (routeur à terre), regarde comment cela va se passer pour la suite du parcours et, éventuellement, si cela ne fonctionne pas, si nous pouvons avoir une nouvelle fenêtre rapidement, dans les prochains jours. Pour le moment l'équipage, reste concentré sur ce que l'on a là".
Thomas Coville, skipper de Sodebo Ultim' 3 : "La transition avec l'anticyclone n'est pas facile, on savait que cela serait un moment crucial, il faut s'accrocher à chaque nuage, chaque risée, qui sont importants. Il faut plus essayer de se projeter que de gamberger".
Pierre Leboucher, équipier de Sodebo Ultim' 3 : "On s'est fait un peu secoué les 36 premières heures, c'était annoncé. Le bateau est à 100 %, comme l'équipage, on attend plus de vent, on a mis les voiles de portant, ça glisse, c'est plus calme, on n'est plus obligés de s'accrocher. A mon avis quand je vais ressortir de ma sieste, il va faire plus chaud, je pourrai enlever le polaire".
A noter la cartographie excellente du Team Sodebo Ultim' 3.
Malgré les hautes vitesses, l'écart reste compliquer à combler
Lundi 2 décembre 2024 :
20 h 00
Alors que la troisième journée de tentative s'achève pour Sodebo Ultim' 3 et que celle de SVR Lazartigue en est à la moitié, les deux géants des mers progressent rapidement vers le Sud, à l’Ouest des îles Canaries. Cependant, malgré des vitesses impressionnantes oscillant entre 30 et 35 nœuds, l'écart reste conséquent.
Ce matin, au relevé de 7 heures, Sodebo Ultim' 3 accusait un retard de 170 milles nautiques sur le tableau de marche d'IDEC Sport. Au fil de la journée, ce retard s'est creusé, atteignant 302 milles en ce début de soirée, un signe des défis stratégiques auxquels l'équipage de Thomas Coville est confronté. Le choix de l'heure du départ de Sodebo semble le pénaliser malgré une navigation intense marquée par six empannages en 24 heures, une manœuvre exigeante nécessitant une coordination sans faille entre les marins.
De son côté, SVR Lazartigue affiche une situation plus favorable. François Gabart et son équipage n’ont que 125 milles de retard ce soir (170 ce matin), une performance qui témoigne d’une stratégie sans doute mieux alignée avec les conditions météorologiques. Avec une distance parcourue de 765 milles nautiques en 24 heures, le trimaran bleu montre des performances constantes et une belle capacité d’adaptation.
La tentative sur le Trophée Jules Verne est un marathon à haute vitesse où chaque décision compte. Si les foils révolutionnent la navigation en permettant aux trimarans de "voler" au-dessus des vagues, cette technologie exige une maîtrise parfaite de l'engin et une anticipation constante des conditions météorologiques.
En restant positionné à l’Ouest, Sodebo Ultim' 3 pourrait chercher un meilleur angle de vent pour maximiser sa vitesse dans les jours à venir, au prix d’une trajectoire plus longue. À l’inverse, la trajectoire de SVR Lazartigue, plus proche de celle suivie par IDEC Sport en 2017, semble porter ses fruits pour l’instant.
La route est encore, très très longue et d'ici à 48 heures nous en seront un peu plus des temps de passage à l'équateur. Pour rappel, le record sur la distance est détenu par l'équipage de Yann Guichard sur Spindrift 2 en 4 j 19 h et 57 min depuis 2019.
Fin de tentative, retour au port
Mardi 3 décembre 2024 :
20h00
En milieu de nuit dernière, le team SVR Lazartigue annonçait la fin de la tentative de l'équipage de François Gabart, suite à une collision et un foil touché.
Le trimaran est attendu pour la fin de semaine à Concarneau, sans doute samedi, où l'équipe va évaluer les dégâts et voir si le foil de spare peut être mis en place pour de nouveau repartir sur une période de stand-by dans l'attente d'une fenêtre météo favorable pour une nouvelle tentative.
François Gabart, skipper du trimaran SVR Lazartigue : "Dans la nuit du lundi 2 au mardi 3 décembre vers 1h00 (TU) du matin on a abîmé fortement le foil tribord, vraisemblablement suite à un choc. Difficile de dire car on naviguait dans des conditions plutôt musclées, il y avait 25/30 noeuds au portant, donc ça allait plutôt vite et ça tapait déjà pas mal dans les vagues. Mais soudain la sensation a été un peu différente de ce qu'on ressentait dans les vagues avant, donc on s'est arrêté. Ce sont les peaux extérieures du foil qui sont cassées. On espère que le reste du foil ne soit pas abîmé, c'est-à-dire que le barrot, la partie de la structure interne du foil, ne soit pas endommagé, ce qui nous permettrait de le réutiliser assez rapidement. Toujours est-il qu'on a un foil tribord à Concarneau qui est opérationnel, il est la première version et il peut naviguer. Là on a fait demi-tour parce que ça paraissait de toute façon difficile et compliqué que ce foil puisse tenir tout un tour du monde, il aurait été pelé et dépelé au fur et à mesure en quelques heures, et puis peut être qu’il aurait cassé au bout de quelques heures. Là on a encore l'option et l'opportunité de revenir. On arriverait dans à peu près 3 jours en Bretagne, et potentiellement s'il n’y a rien d'autre de cassé sur le bateau, on pourrait être capable de repartir assez rapidement derrière, dès qu'une nouvelle fenêtre se présente. C'est dur forcément, car on était plutôt pas si mal, le bateau allait bien, il allait vite au portant, et en même temps c'est pas complètement mort, il y a encore de l’espoir, c'est pas fini. On est encore au début de l'hiver, au début du stand by, on a un deuxième foil et il reste encore plein de choses de possible".
En toute fin d'après-midi c'était au tour du team Sodebo d'annoncer l'abandon de la tentative suite à la section de la mèche de safran au niveau de la coque centrale. La pelle est entièrement perdue. Aucun autre dégât à signaler. Et l'équipe ne pouvait pas indiquer pas si cela était une rupture mécanique ou un choc. Retour sur Lorient La Base, pas avant dimanche pour un examen approfondi des dégâts et voir si une solution technique est possible pour se remettre en stand-by.